Alors que la Switch fête ses 18 mois de commercialisation, et peut se vanter d'avoir vendu son TPS Splatoon 2 à plus de la moitié de ses joueurs japonais, la concurrence sur le secteur s'avère encore timide, pour ne pas dire carrément inexistante. Mais si Fortnite ne fait pas votre bonheur, vous guettiez peut-être du coin de l'oeil le désopilant Morphies Law. Pauvres fous...
Dévoilé en 2017 lors d'un Nintendo Direct estival, ce TPS a priori pas comme les autres nous avait interpellé grâce à son gameplay original, mais aussi parce qu'il faisait la part belle aux mariachis, pour lesquels notre chère Eve affiche une passion sans limites. Un an plus tard, le quartet de musique mexicaine semble plutôt au bord de l'intoxication alimentaire.
Qu'est ce que j'en Mariachi
Au départ, Morphies Law nous promettait un jeu de tir pas comme les autres : prenant soigneusement le soin de ne pas se jeter comme tous les autres dans la gueule de ce loup que l'on appelle aujourd'hui "Battle Royale", le jeu de Cosmocope semblait bien parti pour tirer son épingle du jeu. Plutôt que de faire couler l'hémoglobine par citernes, il optait pour un principe de transfert de masse appliqué au genre du TPS. Grâce à une gestion localisée des dégâts, vous vous appropriez le poids de vos adversaires, et ce dans des proportions défiant les lois de la raison. Quelques balles dans les jambes du pied tendre d'en face, et ce sont vos deux guibolles qui doubleront de volume, ridiculisant n'importe quel aficionados de la gonflette.
En plus d'être drôle et visuellement satisfaisant, ce principe modifie également vos statistiques en conséquence : vos nouvelles échasses vous permettront de franchir de très hauts obstacles, alors qu'un avatar ridiculement petit vous offrira de nombreux raccourcis d'ordinaire réservés aux souris. Toutes les déformations sont autorisées, ce qui donne évidemment lieu à d'improbables rencontres entre un insaisissable David et une armée de Goliath.
C'est pas moi, c'est Morphies
Chiche en contenu car uniquement orienté multijoueur, Morphies Law propose heureusement trois modes de jeux résolument différents. Dans Match à morph, il vous faudra dérober par les armes le plus de masse corporelle possible à vos quatre adversaires afin d'engraisser votre gigantesque totem, adepte de la folie des grandeurs. Le mode Chasseurs de tête vous oblige à vous battre pour une seule et unique tête mise en jeu, qu'il vous faudra ramener dans votre base pour remporter la victoire. Enfin, le mode Braquage de masse vous obligera à infiltrer le QG de l'ennemi pour dérober directement son gras au fameux totem après avoir abaissé sa défense.
Dans les faits, il faudra quoi qu'il arrive copieusement arroser vos adversaires, mais le nombre relativement restreint d'armes mises à votre disposition n'offre pas suffisamment de variété pour sa lancer dans un benchmark à la Splatoon 2. En revanche, le principe de fusion d'armes s'avère plutôt amusant, au moins durant les premières heures, le temps d'atteindre le niveau 10 et de débloquer une bonne partie du contenu de Morphies Law. Les armes secondaires s'avèrent comme souvent très pratiques, puisqu'elles permettront de matérialiser une barrière de protection, ou encore de vous servir d'un grappin bien pratique... si la physique ne venait pas mettre son grain de sel.
Tête de piñata
Mais toutes ces bonnes idées et ce côté décalé pleinement assumé ne parviendront pas à masquer les innombrables fissures et plaies béantes de Morphies Law. Aussi fringuant qu'une piñata laissée à l'abandon au fond du jardin par une après-midi pluvieuse, le jeu est si buggé qu'il finira à coup sûr par déclencher chez n'importe quel joueur prêt à oublier sa dépense de véritables fou-rires. Car la seule manière d'apprécier le TPS de Cosmocope est finalement de ne pas le prendre au sérieux. Du tout. Morphies Law n'est pas de ce monde, car sa physique en proie aux règles les plus instables n'aura de cesse de vous surprendre par ses sautes d'humeurs imprévisibles et souvent injustes. Incapable de gérer correctement son propre système de saut, le titre frôle la syncope, même en l'absence de joueurs ou de décors.
C'est dire si le festival sombre vite dans un tourbillon de substances illicites dès lors qu'il faut ajouter à tout cela la gestion de quatre adversaires et des décors pensés pour tirer parti de votre morphotype. Incapable de gérer correctement la moindre collision, le jeu vous oblige à vous prosterner devant le triomphe de l'aléatoire et de l'improbable, tous deux érigés en religion. Projections venues de nulle part et out of bonds non-désirés seront ainsi le lot commun de tous les apprentis mariachis.
Law & Ordure
Mais sans doute parce que les blagues les plus courtes sont les meilleures, Cosmocope n'a semble-t-il pas jugé utile de proposer des environnements nombreux et variés. Si les trois modes offrent un peu de renouvellement et peuvent un temps faire office de carotte pour grinder et débloquer de nouvelles armes, le sentiment de tourner en rond dans cet univers en proie aux phénomènes les plus étranges finit (trop) rapidement par lasser. La célébration de l'illogisme qui illuminait les premières joutes s'estompe, et ne reste alors que la sensation de voir laisser ses plus précieuses années nous filer entre les doigts.
Immanquablement, les joueurs de Morphies Law en viendront à se demander à quoi bon. Pourquoi s'entêter à participer à cette mascarade qui ne cherche même pas à afficher un semblant de matchmaking ? Lorsque les serveurs déjà peu fréquentés voient leur population rétrécir comme les membres de vos avatars, et que les parties à deux contre un décident par avance de votre sort, la raison reprend ses droits, et vous empêchera de faire une irréparable bêtise en vous essayant au mode hors-ligne, qui n'existe semble-t-il pour les acharnés du grind. Mais à ce niveau-là, il sera alors grand temps de consulter au plus vite un spécialiste.